Quels choix fiscaux à privilégier pour un mécanicien automobile en France ?
Le métier de mécanicien automobile peut s'exercer sous plusieurs formes : en indépendant, en entreprise individuelle, ou en société.
Le choix du statut juridique et du régime fiscal est déterminant pour optimiser la gestion et la rentabilité de l'activité.
1.
Nature de l'activité : une activité commerciale et artisanale
L'activité de mécanicien automobile est considérée comme une activité artisanale et commerciale, relevant du régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC).
Elle implique :
des prestations de services (réparations, entretien),
et parfois la vente de pièces détachées.
Ce double aspect (prestation + revente) influence le choix du régime fiscal et de TVA.
2.
Les régimes fiscaux possibles
a) Le régime de la micro-entreprise (micro-BIC)
Caractéristiques principales :
Chiffre d'affaires annuel maximum :
188 700 EUR pour la vente de pièces détachées,
77 700 EUR pour la prestation de services.
Franchise de TVA possible jusqu'à ces seuils.
Comptabilité ultra simplifiée (livre des recettes et registre des achats).
Fiscalité :
Abattement forfaitaire :
71 % pour les ventes,
50 % pour les prestations de services.
Cotisations sociales : 12,3 % à 22 % selon l'activité.
Imposition sur le chiffre d'affaires net après abattement.
Avantages :
Formalités de création rapides et peu coûteuses.
Charges sociales proportionnelles au chiffre d'affaires.
Idéal pour débuter ou exercer seul.
Inconvénients :
Aucune déduction des charges réelles (outillage, local, véhicules, assurance).
Plafond de chiffre d'affaires limitant pour un garage bien implanté.
Recommandé pour les petits garages ou mécaniciens indépendants débutants.
b) L'entreprise individuelle (EI) ou l'entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL)
Ce régime convient aux mécaniciens ayant des charges importantes (achat de matériel, loyers, salaires...).
Caractéristiques :
Imposition sur le bénéfice réel (recettes - dépenses).
Déduction de toutes les charges professionnelles : loyers, outillage, assurance, électricité, fournitures, etc.
Possibilité d'opter pour l'impôt sur les sociétés (IS).
Avantages :
Fiscalité plus juste car basée sur le bénéfice réel.
Déduction des amortissements sur le matériel et les véhicules.
Protection du patrimoine personnel améliorée (en EI nouvelle formule).
Inconvénients :
Comptabilité complète obligatoire.
Cotisations sociales calculées sur le bénéfice, même en cas de faible revenu.
Idéal pour un garage établi avec investissements réguliers.
c) L'EURL ou la SARL
Ces formes juridiques sont courantes pour les garages et ateliers mécaniques, notamment ceux qui embauchent ou investissent.
| Forme | Fiscalité | Régime social | Avantages |
|---|---|---|---|
| EURL (1 associé) | IR ou IS | Travailleur non salarié (SSI) | Cotisations sociales réduites, charges réelles déductibles |
| SARL (plusieurs associés) | IS | Gérant majoritaire ou minoritaire | Bonne crédibilité, structure stable, responsabilité limitée |
Particularité :
L'option pour l'IS permet de bénéficier d'un taux réduit à 15 % jusqu'à 42 500 EUR de bénéfices, puis 25 % au-delà.
Les salaires du gérant sont déductibles du bénéfice, ce qui peut réduire la base imposable.
Recommandé pour un garage avec salariés, associés ou forte croissance.
d) La SASU ou la SAS
Moins fréquente dans ce secteur, la SASU/SAS peut convenir à un mécanicien souhaitant :
une meilleure protection sociale,
ou s'associer à plusieurs personnes avec un cadre plus souple.
Caractéristiques :
Imposition à l'IS (15 % puis 25 %).
Président assimilé salarié (meilleure couverture sociale).
Dividendes possibles en complément de rémunération.
Intéressant pour les garages orientés vers la croissance ou les franchises.
3.
TVA applicable
Taux normal de 20 % sur la main-d'oeuvre et les pièces détachées.
Taux réduit de 10 % possible pour certaines réparations sur des logements anciens (activité connexe de mécanique à domicile rare).
Si vous êtes en micro-entreprise, vous bénéficiez d'une franchise en base de TVA jusqu'à :
91 900 EUR pour la vente,
36 800 EUR pour la prestation de services.
Au-delà, vous devez facturer et reverser la TVA.
4.
Exemple comparatif
| Situation | Statut | Régime fiscal | Revenu net estimé |
|---|---|---|---|
| Mécanicien solo (CA 60 000 EUR) | Micro-entreprise | Micro-BIC | ~36 000 EUR |
| Garage de quartier (CA 150 000 EUR, 40 % de charges) | EI | Réel simplifié BIC | ~45 000 EUR |
| Atelier avec 3 salariés (CA 300 000 EUR) | SARL | IS | ~80 000 EUR après rémunération du gérant |
5.
Points de vigilance
Tenir une comptabilité rigoureuse (stock, achats, factures clients).
Ne pas sous-estimer les cotisations sociales : elles représentent 35 à 45 % du bénéfice.
Prévoir la CFE (Cotisation Foncière des Entreprises) à partir de la 2? année.
Bien évaluer la TVA collectée et déductible selon les achats de pièces.